«FLEUR DE CHARDON»
Le quartier l’appelait
«Fleur de Chardon».
Les haies épineuses
plantées sur le pourtour de ses clôtures lui avaient donné ce
nom.
La palissade grillagée avait perdu ses vertus de protection.
Elle s’était enfermée
et refermée.
La porte rouillée et
semi-close ne s’ouvrait que peu sur la rue…pour rien et pour
personne.
Revenu, dans le village de mon enfance, je me rappelais d’une végétation luxuriante offerte aux promeneurs et aux passants. C’était bien avant.
Après maints passages,
au printemps : «Osez, ne pas osez» tirer sur la chaînette de la
clochette – un appel à revoir le passé habité et fleuri.
Le léger cliquetis
provoqua l’arrivée d’une dame brumeuse, chaussée d’un gros
bonnet de laine et recroquevillée sur elle-même. Un mince sourire
apparut telle une connivence ancienne.
A deux, nous ouvrions la vieille porte, avec des grincements et des résistances.
Peu après, la découverte d’un cœur de jardin planté d’espèces intimement cultivées et rares de souvenirs de voyages dans des pays exotiques – ses voyages, jalousement gardés.
Devant mon admiration à
écouter son passé et leur passé, elle m’a invité à entrer dans
la modeste maisonnette : un petit espace de cuisine mais, sur chaque
mur, des étages de livres – à faire pâlir tous les
bibliothécaires et même le livre de PUYSEGUR que je n’ai jamais
retrouvé – LA GRANDE BIBLIOTHEQUE.
Après une infusion de Simples qu’elle cultivait, nous nous sommes quittés.
Depuis, je reviens. Je l’appelle «Fleur de Folie». «Fleur d’Artifice»
Elle ne m’appelle pas, mais se souvient d’un jeune regard.
LA PORTE ME RESTE OUVERTE.
FS – Mai 2018