Glyphosate :
Quelles
parades face au poison ?
Les
événements récents avec les répercussions médiatiques de
l’arrêté municipal de la Maire du Perray en Yvelines interdisant
l’usage du glyphosate en l’occurrence uniquement à l’encontre
des agriculteurs, à moins de 150 mètres des habitations, m’incitent
à réagir.
Non
que je mette en cause l’origine de cette décision, qui
indiscutablement s’inscrit dans un souci de santé publique, ce
qu’ont partagé plus de 1400 Perrotins signataires d’une pétition
à l’initiative d’un ancien adjoint, M. Patrick Beguin et que le
groupe «Le Perray@Venir» a manifesté son soutien à l’équipe
majoritaire, ce que la maire a souligné en remerciant la tête de
liste M. Jean-Louis Baron, ce qui figure dans le compte-rendu du
dernier conseil municipal du 11 juillet 2019, mais évoquons plutôt
le fond de cette affaire.
1°)
Pourquoi à l’encontre des seuls agriculteurs ?
Que
la Maire par des dénégations insiste sur le fait que son arrêté
ne vise pas les seuls agriculteurs m’interpelle car qui d’autre
est ainsi visé ?
D’abord
l’usage du glyphosate dans les lieux publics est interdit depuis
2017 et pour les particuliers depuis le 1er janvier 2019.
En
ce qui concerne les agriculteurs et malgré la pression de Bruxelles,
le Président de la République annonce son interdiction pour 2022.
On a vu depuis, que le maire de Langouët (Finistère) l'un des
premiers à prendre l’initiative de ce combat, une quarantaine de
maires ont à leur tour pris de tels arrêtés dans l’intérêt de
la santé publique et que le Président de la République a évoqué
dans un récent entretien des limites, d’ailleurs contestées par
les écologistes, pour limiter l’utilisation de ces pesticides à
une certaine limite des habitations.
Mais
ce n’est pas ce que j’appelle de la négociation avec la partie
incriminée lorsque l’on a en ligne de mire une profession.
2°)
Pourquoi est-ce grave, et pourquoi du glyphosate dans les urines ?
Malheureusement
! Diverses expériences le prouvent, médiatiques d’abord, avec
«Génération» et «Envoyé Spécial» en 2019, les dépistages qui
furent réalisés sur des participants marquaient tous des taux
supérieurs à la moyenne avec de 0,19 à 1,25ug/l pour «Envoyé
Spécial»...
Des
taux bien plus élevés de 2,87 par exemple furent relevés sur un
habitant mangeant bio mais habitant à proximité d’un vignoble de
vin de Loire (on sait que les viticulteurs sont parmi ceux qui
utilisent le plus ce pesticide).
Je
n’entrerai pas plus avant sur le plan scientifique dans une
question qui reste controversée. Il n’en reste pas moins qu’une
des conséquences majeures que l’on peut craindre, c’est que la
distribution de l’eau publique puisse être incriminée par le fait
que ces pesticides se déversent bien quelque part. A cet égard,
j’aurais aimé -et nous le demandons- que notre usine-modèle- du
Perray, dont je ne doute pas de la qualité de ses eaux nous rassure
sur cette question.
Quant
aux 50 Perrotins qui se sont prêtés aux analyses proposées par la
Mairie et dont les conditions étaient rigoureuses : ne pas avoir ni
mangé, ni bu, ni fumé depuis la veille au soir, le dépistage étant
réalisé dans les locaux des services techniques de 6h30 à 7h30.
En
sous-vêtements, la personne doit effectuer son test constaté par
huissier. Il appartient ensuite au vu des résultats envoyés par
mail et que les participants ont désormais reçus de déposer
individuellement plainte, s’ils le désirent. Le coût du test
n’est pas anodin (environ 140€ par personne ) et dans le cas
présent pris en charge par la mairie.
Notons
qu’une prochaine campagne de dépistage, à l’initiative de
l’association «Campagne-Glyphosate78» a été effectuée à Paris
à «La Base» (31 rue Bichat dans le 11e), le mardi 10
septembre, de 6h45 à 9h30 et que là, c’est bien sûr à la charge
de chacun.
Au
Perray, il semble que ce soit une association collective de riverains
qui dès fin mai, constatant une couleur anormalement rouge de champs
autour de leurs habitations, ait alertée la mairie.
Au total, on a utilisé 70 000 tonnes de pesticides en France en 2017. On apprend aussi que 8800 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017, et que la SNCF est le plus gros consommateur de ce désherbant pour ses voies avec 0,4% des 8800 tonnes .
Au total, on a utilisé 70 000 tonnes de pesticides en France en 2017. On apprend aussi que 8800 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017, et que la SNCF est le plus gros consommateur de ce désherbant pour ses voies avec 0,4% des 8800 tonnes .
L’environnement
: un combat qui ne se partage pas :
«Le
moment est venu d’alerter l’État sur la destruction de notre
environnement» déclarait la Maire du Perray à l’un des médias.
Certes, je le redis, ce combat est le nôtre comme celui de nombreux
Perrotins-les signataires de la pétition.
Notons
la présence de notre élu M. Jean-Louis Baron au tribunal
administratif, ce 13 septembre, montrant que c’est la commune toute
entière qui était partie prenante au-delà des clivages et qu’il
ne s’agit pas d’un différent politique.
C’est
ce qui nous invite à regarder justement, au Perray le fond des
choses en constatant d’abord que si le glyphosate est jugé
potentiellement cancérigène et qu’il nous faille aller vers des
changements dans nos habitudes de consommation, les pouvoirs publics
(et au premier chef la Mairie) doivent non seulement être
exemplaires mais aussi être incitatifs financièrement en aidant
d’abord leurs habitants. Un des perrotins s’étant prêté au
dépistage le disait : «Et maintenant»…
Et
c’est bien là tout le problème! Une autre habitante, tout en
disant que «la Mairie fait des choses»...Ajoutait que c’était
maintenant à chacun de nous de mieux consommer local et d’aller à
«l’Epiplette» (épicerie participative située à «La Mare au
Loup» qui propose des circuits de production courts et favorise les
bonnes pratiques…
Si
une Mairie peut se substituer aux excès des circuits de distribution
alimentaire d’une façon générale (et pas seulement sur certains
produits) car n’oublions pas que s’il y a un peu moins d'une
centaine d’adhérents à «l’Epiplette», nous sommes près de
7000 Perrotins ! Et à ce compte-là, il y a aussi les marchés sur
la place de la Mairie les mercredis et samedis matins...Alors là, on
dit banco !
Sauf
que nous devons y mettre un certain bémol. D’abord, outre les
suspicions sur la santé publique, le glyphosate a un autre impact
direct sur notre environnement, sur la biodiversité, en mettant en
péril les populations d’abeilles.
Et
là, parlons-en de la biodiversité et de la préservation de notre
environnement. Nous avons, au travers de nombreux articles
consultables sur «le Perrayscope» alerté depuis des années nos
compatriotes sur les conséquences potentiellement écologiquement
désastreuses pour notre environnement du projet de «la Perche aux
Mares», projet entièrement porté par la Mairie.
Nos
derniers écrits, comme notre lettre à la députée vont dans le
sens d’une totale transparence d’une Mairie qui ne l’est pas à
cet égard. Alors, il n’y a pas de combats différents dans un même
registre : la protection de l’environnement ne se divise pas. Il en
va du glyphosate et c’est d’ailleurs pourquoi notre groupe
d’opposition «le Perray @Venir» a dans la séance publique du
juillet 2019, soutenu l’arrêté de la maire, qui s’en est
d’ailleurs prévalue, laissant ainsi entendre qu’elle était
soutenue dans son combat par l’ensemble de la population du Perray.
Mais
nous attendons désormais qu’elle fasse de même avec l‘assèchement
scandaleux des 4 étangs en forêt de Rambouillet, situation contre
laquelle s’est élevé M. Jean-Louis Baron notre élu, en séance
publique de la communauté d’agglomération Rambouillet Territoires
(CART) qui se tenait au Perray le juillet 2019 et qui, sans
concertation, aboutit à une situation préjudiciable pour notre
environnement.
Car
le combat ne se divise pas et si la Maire décrétait en séance
publique de ce même conseil municipal du Perray le 11 juillet que
l’affaire ne concernait que le Maire de Rambouillet, disant même à
l’encontre de M. Baron -qu’elle remercie d’un côté on l’a
vu- que le Maire de Rambouillet l’avait «dixit» «renvoyé dans
ses cordes» (affirmation totalement fausse), montrant par là un
total refus de solidarité sur la question, ou plutôt une
acceptation tacite de la décision de ce Maire ; je ne savais pas que
le combat contre les pesticides s’arrêtait aux seuls frontières
de la commune du Perray.
Il
faut aussi à ce sujet rappeler une évidence bien oubliée, c’est
que les champs incriminés étaient là bien avant les maisons et que
c’est la Mairie du Perray qui délivre les permis de construire.
Faire
des agriculteurs des partenaires dans ce combat :
Ne
l’oublions pas, ceux-ci sont parmi les plus exposés à ce type de
pesticide susceptible selon des paramètres nombreux et complexes de
favoriser certains cancers du sang. La Maire du Perray ayant échangé
avec l’un d’eux lui disant se passer de ce pesticide en concluait
que c’était à la portée des autres...Nous n’irons pas
jusque-là...Ce qui est certain c’est que d’abord si nous nous
félicitons au Perray d’avoir conservé un environnement fait aussi
de champs, il ne doit plus y avoir beaucoup d’exploitants agricoles
recensés (1 seul semble-t-il !).
Et
qu’ensuite cette profession, qui comme les autres, contribue par
ses impôts aux charges collectives, est organisée et s’est
organisée avec la chambre d’agriculture des Yvelines, autour de
syndicats représentatifs. Il n’est jamais trop tard, ni pour
négocier éventuellement ni pour établir un calendrier de bonnes
pratiques, ni pour s’organiser pour qu'au Perray, on poursuive dans
la perspective de créer des circuits courts et bio pour tous et
d’abord pour nos écoles et notre résidence de personnes âgées
de la Croix Saint-Jacques.
Et
enfin pour mettre à la portée du plus grand nombre de Perrotins -et
de leurs bourses- des produits bio en circuit court. Bientôt nous
n’aurons plus de supermarché dans notre centre-ville ; c’est en
effet, certainement le moment d’agir vite !
En
attendant, la Maire avait jusqu’au 26 août pour revenir sur cet
arrêté municipal retoqué par la Préfecture pour non conformité ;
une commune n’ayant pas la compétence à cet égard. Mais la Maire
du Perray n’en est pas à son coup d’essai (souvenons-nous de
l’arrêté municipal contre les cirques avec animaux).
Comme
je l’ai dit, elle ne risque pas grand-chose, même si l’Etat
saisit le tribunal administratif si elle ne revient pas d’elle-même
d’ici là sur sa décision. Ce qui a été le cas puisqu’elle fut
convoquée ce 13 septembre devant le tribunal administratif de
Versailles et qu’elle avait pour avocate Mme Corinne Lepage,
ancienne ministre de l’environnement du gouvernement Juppé.
Quant
aux agriculteurs concernés par l’épandage de ce pesticide, on ne
voit pas non plus, du fait de la non régularité de l’arrêté
(seuls les ministres de l’environnement et de l’agriculture
peuvent le prendre), ce qui pourrait les empêcher de recommencer à
la campagne prochaine...Bref quand je vous disais … négociations !
Il
y aurait eu aux dernières nouvelles, 18% d’augmentation
d’utilisation de pesticides en 2018 ; ce qui ferait de nous avec
les Pays Bas, je crois, un des pays les plus utilisateurs en
Europe...En effet, pas de quoi en être fiers !
Jean-Luc
Simon