LE PERRAY ET SON AGRICULTEUR


Agriculture et environnement : un même combat ! 

Mais comment en est-on arrivé là, au Perray ?

Petit retour en arrière. Il fut une époque où la maire du Perray n’allait pas à l'encontre des agriculteurs, bien au contraire même au point de leur consacrer un important article dans le bulletin municipal… 

Mais justement, combien en reste-t-il réellement, aujourd’hui ? 


Certains disent : il y en a 2 ou 3. Dans un bulletin municipal de mars/avril 2015 qui consacrait deux pages à M. Robin, celui-ci était présenté comme « le dernier agriculteur de la commune ».

Sous le titre « Métier : agriculteur

Quelques questions à Pascal Robin, agriculteur au Perray en Yvelines. Où il est désormais le seul agriculteur en activité…

Et il est écrit par la rédaction du bulletin municipal : « c’est justement le pourquoi de cet article pour le journal de notre commune, une meilleure connaissance de votre métier permettra, peut-être, nous l’espérons, une meilleure compréhension.Et il est justement, dans l’article, question de sujets d’une brûlante actualité, singulièrement au Perray.

L’interview (extraits) :

« Nous ne traitons pas n’importe comment ni n’importe quand !

Tout d’abord parce que nous devons préserver nos terres en ne les polluant pas, ensuite parce que nous tenons à notre santé, et aussi parce que tous les produits utilisés coûtent très chers, nous avons intérêt à n’utiliser que les doses nécessaires…

Pour chaque intervention, je dois tout noter (par exemple pour un traitement herbicide, le nombre de litres à l’hectare et le nom du produit).

En janvier, je dois effectuer des prélèvements de terre dans mes champs. Cette terre sera analysée dans un laboratoire agréé par le ministère de l’agriculture (SAS Expertise agronomique et environnement).

Car le ministère de l’agriculture n’autorise les traitements qu’à un certain stade de développement des cultures.

Au printemps, je pulvérise des herbicides qui empêchent les mauvaises herbes de pousser et d’étouffer les cultures. Je vous précise que les céréales sont des plantes vivantes qui doivent être soignées comme des êtres vivants. Elles peuvent être malades, infestées d’insectes, ce qui demande à l’agriculteur de contrôler régulièrement ses plantations. En fonction des maladies, l’agriculteur, toujours sous le contrôle d’un technicien de la chambre d’agriculture utilise des fongicides (molécules qui soignent les plantes) ou des insecticides.

Chaque passage est notifié sur un carnet d’épandage pour tout contrôle de l’état.
Je vous le répète, tous les traitements sont raisonnés pour moins polluer et moins dépenser.

« Mais comment pouvez-vous décider de la dose d’insecticide à épandre sur vos cultures ?

Les contrôles du traitement par les inspecteurs du ministre de l’agriculture sont fréquents.

Et si vous ne faites aucun traitement ?

Si à la moisson un blé présente quelques anomalies, ou des insectes, il est refusé par la coopérative et renvoyé à l’agriculteur à ses frais (700 euros le transport).

Et le journal poursuit : « Quelles sont les difficultés rencontrées qui finissent par décourager ceux qui pourtant aiment ce métier ?

Les nouveaux habitants, venant pour la plupart des villes se plaignent souvent du bruit lorsque nous travaillons dans nos champs tôt le matin ou le week-end. Ils demandent du « naturel » mais ils se plaignent également des odeurs lorsque nous utilisons des engrais non chimiques comme les fientes de poulet ou de bétail. Pourtant, l’engrais n’est utilisé qu’une fois par an et l’odeur disparaît au bout d’une semaine ».

Agriculture et environnement : un même combat !

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Le 20 septembre 1999 dans un interview donné à propos de l’exposition de maquettes de la commune célébrant les années 1900-1999, Mme Paulette Deschamps élue le 17 mai 1999 à propos du nombre d’exploitations agricoles :

« Si l’on comptait en 1900, 110 agriculteurs, il y en a 2 aujourd’hui. Mais il serait plus judicieux de comparer le nombre d’hectares cultivés : 649 en 1900, 371 en 1999 ».

Et franchissons allégrement les décennies puisque dans le bulletin municipal de mars/avril 2015, Mme Deschamps toujours, maire du Perray en Yvelines, déclarait dans son éditorial à propos de : « les pressions de toutes parts, notamment le manque de logements évident en Ile de France pourrait détruire ce bel équilibre « (il est question de la qualité de vie offerte par la commune aux perrotins. Et elle poursuit :

« Dès à présent les nouveaux textes de loi relatifs à l’urbanisation du territoire imposent la sanctuarisation des terres agricoles et des massifs forestiers. Les Yvelines offrent un paysage « vert » malgré de grandes agglomérations et les usines. Deuxième département agricole derrière la Seine et Marne, la culture des céréales y est prédominante. Les hommes, par leur mode de vie, ont au fil des siècles, forgé l’histoire de cette région. Ils nous laissent des paysages et un cadre de vie exceptionnels que notre devoir est de préserver pour la survie des générations futures ».

Rappel de l’affaire

Il faut bien dire que du « Parisien » à « l’Echo Républicain » sans oublier la radio et la TV qui pour cette fois ont été à la queue dans cette histoire, les médias ont largement ouvert leurs colonnes et leurs « Unes » à ce sujet, suite à l’arrêté pris par la maire du Perray, qui est publié partiellement dans le bulletin municipal de juillet-août 2019 :

"Extrait de l’arrêté municipal du 17 mai 2019" :

« Considérant en outre que l’arrêté du ministre de l’agriculture du 4 mai 2017 ( JO du 7 mai) relatif à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, d’une part, ne se réfère pas à la protection de la santé humaine visée à l’article 6 du traité TFUE et, d’autre part, n’épuise pas l’application en droit interne du règlement intérieur susvisé N°1107/2009 qui prévoit que l’autorisation et l’utilisation des produits phytosanitaires ne peut se faire qu’en prenant en compte la nécessaire protection des « groupes vulnérables », définis par l’article 3 point 14 du règlement comme « les personnes nécessitant une attention particulière dans le contexte de l’évaluation des effets aigus et chroniques des produits phytopharmaceutiques sur la santé. Font partie de ces groupes les femmes enceintes et les femmes allaitantes, les enfants à naître, les nourrissons et les enfants les personnes âgées et les travailleurs et habitants fortement exposés aux pesticides sur le long terme ».

Considérant qu’il appartient dès lors au titulaire du pouvoir réglementaire municipal de police sanitaire de prendre les mesures permettant de prendre immédiatement en compte la nécessaire protection de toutes les personnes vulnérables de la commune, qui n’est pas assurée par les dispositions en vigueur ne visant que la protection de lieux collectifs à l’exclusion des habitations individuelles, et particulièrement des riverains de parcelles agricoles ».

La genèse

Le même bulletin municipal, de mai-juin 2019, dans les « tribunes libres », celle de la liste « Horizon 2020 » nous donne un aperçu des débuts de l’affaire :

« Fin mars, un groupe d’habitants a alerté la mairie après avoir remarqué la couleur anormalement rouge des terres agricoles dites de « la mare au loup » située le long de la rue du Rotoir. Il s’agirait de l’épandage de pesticides ayant lieu normalement au cours de l’automne pour éliminer les mauvaises herbes ».

Le 14 avril « l’Echo Républicain » relayait l’information et un collectif d’habitants se créait. Justement, une association des Yvelines, créée il y un an, « Ragster » que l’on ne trouve pas directement sur internet mais plus ou moins liée à une démarche politique environnementale associée à « une plate-forme des listes participatives citoyennes pour 2020 », compte plusieurs juristes qui ont rédigé l’arrêté qui a servi de modèle au maire du Perray comme à celui qu’a pris le maire de Langouët (Finistère). Dès lors une pétition était mise en ligne en soutien du maire qui recueillait plus de 1200 adhésions.

De là à dire comme l’écrit un journaliste des « Nouvelles » que « tout le Perray est derrière la maire », il n’y a qu’un pas...Que nous ne franchirons pas !

Le choix entre « la peste ou le choléra » ?

D’un côté, les responsables agricoles sont vent debout contre des décisions d’élus qu’ils estiment arbitraires, sans concertation et qui fixent un seuil d’épandage à 150 mètres, ce qui aurait pour effet de leur faire perdre environ « 20 % de terres agricoles en Eure et loir comme l’explique le député LREM Guillaume Kasparian.

Pour ce qui est des Yvelines, 80 % du territoire est composé d’espaces naturels dont la moitié est dédiée à l’agriculture.

De l’autre, des suspicions étayées par des analyses, de présence importante de ce « poison » dans les urines d’un certain nombre d’habitants du Perray, mais sans que scientifiquement le lien puisse être établi directement avec l’épandage du pesticide en question, alors que la dangerosité du glyphosate semble étayée ; ce qui justifie bien l’application du principe de précaution que la maire a décidé suite à ce qu’il faut bien appeler une carence de l’état dans ce domaine.

C’est ce qui a justifié pour le groupe d’opposition des élus de la liste « le Perray@Venir » leur soutien à la maire, lors du conseil municipal du 11 juillet 2019. M. Jean-Louis Baron, tête de liste, était aussi présent le 13 septembre au tribunal administratif de Versailles parmi les soutiens à la maire. Car une opposition se doit d’être constructive et autant elle s’oppose sur bien des sujets, mais considère qu’il en est d’intérêt général pour les Perrotins auxquels elle souscrit.

Mais il faut de la cohérence

«Attention, que je sois bien claire, je ne suis pas contre les agriculteurs. Nous devons travailler ensemble. J’ai rencontré l’un d’eux et il m’a montré qu’il travaillait avec un produit moins violent. Cela veut dire que des solutions existent et que les produits néfastes pour l’environnement et la santé peuvent être remplacés, précise le maire» («Les Nouvelles» du 15 mai 2019) .

C’est bien de dire : «la municipalité veut maintenant réfléchir avec les agriculteurs à l’application de cet arrêté avec les 3 agriculteurs qui exploitent des terres sur la commune» déclarait la maire du Perray (l’Echo du 4 juillet 2019).

Et tout récemment elle est intervenue le 23 septembre en marge d’une réunion de la communauté d’agglomération Rambouillet Territoires à laquelle le Perray est rattachée depuis le 1er janvier 2017 et est représentée par 5 élus. La question à l’ordre du jour était celle de l’épandage des boues provenant de grosses agglomérations de la région parisienne qui devaient être déversées dans les champs de plusieurs communes du sud-Yvelines toutes représentées au sein de la communauté d’agglomération.

Elle s’est montrée favorable à la motion portée par le maire de Rambouillet (président de la CART) qui a été présentée 16 octobre devant le bureau de l’union des maires des Yvelines, pour contractualiser des relations de bon voisinage entre agriculteurs et population. Et d’ailleurs au sujet de laquelle aucune information n’aurait été donnée.

Cette motion s’appuiera sur les textes réglementaires avec concertation entre le préfet, le conseil régional, le conseil départemental, l’union des maires et la chambre d’agriculture.

D’autre part selon « le Parisien » (24 septembre), suite à la suspension de la décision du maire du Perray par le tribunal administratif de Versailles, la maire a demandé à son avocate maître Corine Lepage (ancienne ministre de l’environnement sous le gouvernement Juppé) de faire appel de la décision et demander une étude des poussières.

Notons que lors de cette audience (l’Echo du 21 septembre), le représentant du préfet avait souligné qu’il n’y avait « pas de danger imminent d’une particulière gravité » pouvant justifier un tel arrêté, les produits utilisés disposant d’une autorisation de mise sur le marché ».

Des plaintes sont-elles en cours et contre qui ?

En effet un dépistage du glyphosate a été effectué auprès d’une cinquantaines d’habitants du Perray, au centre technique municipal de la Mare au Loup, le samedi 11 mai 2019 dans des conditions d’hygiène rigoureuses, de respect strict des conditions (ne rien avoir bu, ni mangé, ni fumé depuis 22h la veille, et sous contrôle d’huissier (nécessaire au dépôt d’une plainte).

Les résultats ont dû dans ces conditions être communiqués aux seuls intéressés qui avaient décidé de porter plainte, mais contre qui ?

Selon « l’Echo » (4 juillet) : « 49 perrotins dont 12 enfants ont répondu à l’appel de la mairie visant à proposer un test sur les urines dans le cadre d’une campagne nationale menée par l’association « Campagne glyphosate ». Les résultats viennent de tomber dans la boite mail de la mairie : 100 % des personnes testées ont un taux de glyphosate dans les urines supérieur à celui accepté dans l’eau potable. Cela va d’1,5 fois pour les enfants, à 35 fois pour un des adultes, constate la maire. C’est inquiétant, surtout quand on sait que le prélèvement a été fait un mois après l’incident ».

Vendredi 13, lors du procès, des manifestantes arboraient autour du cou une pancarte affichant le taux de glyphosate trouvé dans leurs urines suite à la campagne d’analyse : 3,00 et une autre 3,5…

Beaucoup de bruit pour rien ?

Depuis, on le sait, la maire du Perray (élue pour la 1ère fois en 1999, suite à la démission de M.Pellegeay, maire, se représente pour un 4e mandat.

Les esprits se sont calmés depuis quelques mois sur le sujet, car on a trouvé d’autres motifs de mécontentement…

Quant à nous tous, nous gardons certainement pour la plupart d’entre nous et sans le savoir, un taux de glyphosate trop élevé dans nos urines, la faute à qui ?

Un élu, candidat écologiste à Rambouillet, M. Jutier, déclare dans « les Nouvelles » du mercredi 4 décembre 2019 :

«C’est pourquoi nous donnons raison aux élus, qui ces derniers mois, à l’instar de la maire du Perray, ont pris des arrêtés anti pesticides. A Rambouillet, la municipalité n’a pas eu ce courage, et sa position n’est pas à la hauteur de l’inquiétude légitime des riverains ».

Toutefois, constatons que le soutien de « l’écologie politique » est sélectif car si d’un côté on défend l’arrêté anti glyphosate, de l’autre on ne dit mot sur le projet que la même mairie du Perray a dans ses cartons, de construire un énorme nouveau quartier dit « éco quartier » sur le site naturel, humide et abritant une riche diversité de « la Perche aux Mares » !

Comprenne qui pourra, en attendant le débat de fonds sur ces questions environnementales dans les semaines qui précédent la future échéance des municipales 2020, promet des échanges variés et des joutes oratoires passionnantes pour les Perrotins.

Étude de Jean-Luc Simon