"Doucement sur l'usage de la tondeuse" ... Laissez davantage de liberté à la nature. La biodiversité vous le rendra.

En ces temps de confinement, beaucoup d'entre nous ont redoublé de travaux de jardinage, croyant qu'un jardin taillé au millimètre près, de la pelouse aux haies était synonyme de réussite.

"Doucement sur l'usage de la tondeuse" ... Laissez davantage de liberté à la nature. La biodiversité vous le rendra.

Un coup de gueule régulier d'un paysagiste Eric Lenoir, qui au sortir d'une crise sanitaire a sans doute plus d'échos aujourd'hui.

Pourquoi laissez pousser l'herbe ?

Favoriser la pousse des herbes hautes et autres plantes mellifères, un véritable enjeu pour une plus grande biodiversité dans nos jardins et ainsi offrir un vrai garde-manger aux insectes. Et derrière, bien souvent, le reste suit ....

La récompense d'un processus : l'herbe pousse et avec, de nombreuses fleurs mellifères comme les bleuets et les coquelicots, non seulement c'est magnifique, mais en plus elles apportent une nourriture aux insectes, et s'il y a des insectes en abondance, les oiseaux ne seront pas loin. S'ils se plaisent dans votre jardin, c'est qu'il est riche en biodiversité.


"Je n'ai plus de pucerons sur mes rosiers depuis que je tonds moins souvent puisqu'ils sont mangés par les auxiliaires présents dans les herbes hautes. Ces dernières apportent aussi de l'ombre au pied de mes arbres empêchant l'évaporation et favorisant la rosée, ils sont ainsi plus résistants à la sécheresse".

« Moins souvent ou plus du tout sur une partie du jardin »

L'idée n'est pas de ne plus tondre, mais de le faire moins souvent, voir laisser une partie de son jardin non tondue. Autre recommandation du directeur le la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) : ne plus tailler les haies ou élaguer les arbres entre mi-mars et fin juin jusqu'à la période de nidification.

L’une des réponses à la chute de la biodiversité ?

"Les scientifiques pointent l'agriculture intensive comme probable cause de cette perte de biodiversité, parvenir à changer massivement ces pratiques prendra du temps, tant les intérêts économiques en jeu sont importants commente Jean-Louis Hemptinne faisant référence à une étude parue en 2017 dans Plos One".

En revanche bon nombre d'espaces non soumis à ces contraintes pourraient être transformés facilement en réservoir de biodiversité, comme les jardins privés (63%), les jardins publics et autres espaces verts gérés par les collectivités, les bordures de routes, les cimetières, les abords des zones artisanales, les ronds-points, espaces encore trop souvent artificialisés.

La multiplicité de ces oasis de biodiversité, même s'ils ne forment pas un ensemble continu permettrait de former des corridors écologiques, le passage des espèces d'un milieu à l'autre favorisant le brassage de leurs populations.

Du mieux : pour preuve 30 000 refuges LPO existent aujourd'hui en France, soit autant de jardins dans lesquels les propriétaires mettent en place des aménagements favorisant le retour à la nature. Un exemple celui du Lycée Louis Bascan de Rambouillet qui devient officiellement Refuge pour les oiseaux le 21 mars 2019 (voir article du 24 mars 2019).

Laissez pousser l’herbe, juste une porte d’entrée

Laisser régulièrement des graines pour les oiseaux, pas seulement en hiver, valoriser vos déchets verts, rien qu'un tas de branches laissé au fond du jardin peut se transformer en trésor de biodiversité.