Un petit texte nous est parvenu par un auteur perrotin anonyme

Le Vieux curé, le vieux curé gris…                     Voisins-le Bretonneux, vers 1960


Le vieux village,

Un samedi, en fin d’après-midi, nous avions été accueillies, à la Ferme des Moreau, avec nos sacs à dos (duvets, provisions…) dans une grange avec des foins secs, chauds et odorants – faveurs d’une nuit chahuteuse, puis prometteuse, après une longue marche. Une grande ferme en angle de rue.


Pour nous «petites guidouilles» entre 12 et 14 ans, en uniforme et avec nos cravates de la 1ère compagnie de Versailles (Lycée La Bruyère- Versailles) – cravates rayées de bleu et jaune (Biscuit brun – Pâtes la Lune) comme disait la Compagnie de Notre-Dame - parties à pied de la Gare de Saint-Cyr vers Voisins. Dans le sac à gamelles : œufs durs, bacon et Vache qui rit.

Au petit matin froid, mal réveillées et des vêtements froissés,

PARTIR, partir vers l’église, où devait nous précéder un Vieux Curé. Arrivé balbutiant, d’une maison de retraite ecclésiastique, il était venu assumer, encore, dans ce lieu saint et sanctifié, un peu abandonné, quelques présences.

Sa soutane grisée, argentée par l’âge et l’usage «lavée, repassée mille fois» marquait sa fidélité au sacerdoce.

Il était monté en chaire, claudiquant, assurant chaque pas, marche après marche.
Son sermon, du-haut, un sermon éraillé, parfois sans voix et presque sans paroles.
Nous étions sous sa coupe vacillante et sa coulpe chancelante.

LE VIEUX CURE BENEVOLE,
Avec le froid et l’âge…  avait la GOUTTE AU NEZ».
Nous l’avons écouté, regardé, considéré. – «miserere»

EMUES ET RIANTES devant cet abandon.
Les gouttes incessantes – essuyées d’un revers de manche - « esprit d’eau », tombaient sur nos bérets et nos missels.

Quelques chants forts, faisant illusion de masse, avaient divertis les moments d’humidité et remis notre jeune âge dans l’humilité.

Il était reparti, plein de sourire, nous aussi, avec ces derniers souvenirs.
Humilité, désuétude …embarras de la vie.

Eglise de Voisins le Bretonneux